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UKRAINE un pays qui s'ouvre à l' U.E.
17 mars 2008

Matière première, matière trop chère", par Paul Loubière (Challenges)

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LE pétrole monte. Encore et toujours. Il vient de franchir 111 dollars. Le problème, c’est qu’il n’est pas tout seul à cavaler sur les sommets. Il est accompagné de l’or, du platine, de l’argent (+50% pour les métaux précieux en moyenne au cours des 6 derniers mois), du maïs (+58%), de l’avoine (+38%), du cacao (+40%), du blé (+40%), du sucre (+51%). Même en France, le blé panifiable a grimpé de 73%, à Rouen. Bref, ceux qui comptaient oublier le blues du pétrole en se ruant sur un bon chocolat sucré en ont pour leurs frais!

Mais pourquoi la hausse des matières premières est-elle si importante? La réponse est simple: depuis plusieurs mois la politique accommodante de la Fed a mis sur le marché d’importantes liquidités en dollars. Elles ne peuvent pas aller sur les marchés actions (ils baissent) et se sont donc massivement déplacées sur les matières premières. Le phénomène est inédit: auparavant, il n’existait pas ou peu d’instruments financiers permettant des allers-retours sur le boisseau de blé aussi facilement que sur une action du CAC 40. Mais à présent, les instruments existent, notamment sous forme de trackers ou de certificats. Les fonds se sont donc rués sur ces terres vierges à découvrir, avec pour résultat une montée vertigineuse des cours.   

Seule ombre au tableau, les métaux et minerais sont plutôt en baisse: uranium -18%, plomb –4%... Il faut dire que les métaux avaient tellement monté que la correction avait été sévère en 2007! Si les investisseurs et les fonds de pension accompagnent et amplifient les tendances, ils ne la créent pas. Or, le ralentissement économique fait craindre un essoufflement de la demande industrielle. Les métaux sont donc pour l’instant épargnés par la hausse. Au contraire, les matières agricoles continuent à connaître une forte demande. En outre, l’irruption des biocarburants dans le paysage agricole a modifié la donne: ce qui est planté en maïs pour faire du carburant n’est plus planté en soja ou en blé. Mais la demande de blé est restée la même.

Donc les prix montent. Avec une grande différence par rapport au pétrole: si la demande s’affole ou si un ouragan détruit des plates-formes, on peut toujours espérer que l’Arabie Saoudite ouvrira le robinet d’hydrocarbure en plus grand. Impossible avec le blé ou le maïs: quand l’Ukraine connaît une sécheresse, il faut attendre la saison suivante pour compenser le manque de production. Et les sécheresses ont tendance à se multiplier.

Bref, si une correction devait se produire sur les matières premières, elle concernera sans doute le pétrole ou les métaux précieux avant de toucher le cacao ou le blé. L’or vert va-t-il supplanter l’or noir?

par Paul Loubière, grand reporter à Challenges, le lundi 17 mars.

http://www.challenges.fr/20080317.CHA9098/matiere_premiere_matiere_trop_chere_par_paul_loubiere_c.html

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