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UKRAINE un pays qui s'ouvre à l' U.E.
1 juin 2010

Ces Français qui vont faire leur blé en Ukraine

    • Ces Français qui vont faire leur blé en Ukraine

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      Les pays des rives de la mer Noire seront demain l'un des greniers à blé de la planète. Un nouvel eldorado pour les investisseurs.

      « Qui veut gagner des milliards ? » Une boutade bien sûr, griffonnée sur le tableau d'une salle de réunion, au siège d'Agrogénération, à Paris. Après les Chinois, les Lybiens ou les Coréens, les capitaux français (le groupe Louis Dreyfus ou Tereos, en Amérique du Sud) se lancent dans la course aux terres cultivables. Cap sur l'Ukraine pour Agrogénération. L'entreprise, créée à l'initiative de Charles Beigbeder et Charles Vilgrain, en 2007, est ambitieuse : 45 000 hectares cultivés cette année, 100 000 hectares en 2012. Pas d'achat - c'est encore interdit par l'Ukraine - mais des contrats de location.

      « La situation nous satisfait »

      L'objectif d'Agrogénération ? Satisfaire l'appétit croissant des marchés asiatiques pour les céréales. Pour réussir à nourrir 2,5 milliards de bouches supplémentaires en 2050, « la production va devoir augmenter dans une fourchette comprise entre 70 et 100 %. Pour un kilo de viande, il faut cinq à sept kilos de céréales. Or les Chinois et même les Indiens adoptent un régime un peu plus carné », explique Charles Vilgrain, président du directoire d'Agrogénération.

      Avec leurs terres noires profondes et fertiles, les plaines de ce pays de l'ancien bloc soviétique offrent l'un des meilleurs potentiel agronomique au monde. Mais sous-capitalisée, émiettée après l'éclatement des grandes fermes collectives, l'agriculture ukrainienne somnolait.

      Sur place, Agrogénération a dû faire preuve de patience pour convaincre des milliers de propriétaires d'accepter de signer des contrats de location de longue durée (entre dix et quarante ans). « La situation nous satisfait. Acheter nous aurait contraints à immobiliser trop de capitaux. En revanche, c'est notre métier d'investir dans des tracteurs ou des silos à grains et de produire du blé de façon raisonnée. »

      Un géant agricole est en germe à l'Est de l'Europe. Là-bas, les exploitations font entre 5000 et 10 000 hectares. Pas surprenant si les Lybiens, désireux de sécuriser leurs approvisionnements alimentaires, ont choisi d'y investir eux aussi. Selon un rapport de l'USDA, le département américain de l'agriculture publié au mois de mai, les pays du pourtour de la mer Noire devraient devenir la première région exportatrice de céréales en 2018. Les investisseurs y croient. Agrogénération a réussi à boucler son augmentation de capital alors que les bourses doutaient. Elle espérait cinq millions d'euros, elle en a récolté quinze.

      Pour Charles Vilgrain, jeune ingénieur agronome passé par Coca Cola, la démarche s'inscrit « dans une industrialisation de l'agriculture ». Et n'exclut pas la prise en compte de l'environnement. « Au contraire. Je ne demande pas à un champ de céréales de ressembler à un green de golf et nous intégrons les pratiques agronomiques respectueuses des sols. »

      Une nouvelle menace pour l'agriculture française ? Il n'y croit pas non plus. « Les exploitations céréalières de la Beauce ne sont pas menacées. Je ne dirais pas ça pour les régions moins productives. La France a de toute façon intérêt à y aller. La coopérative Champagne céréales est d'ailleurs l'un de nos actionnaires. Il y a des marchés à conquérir. Les PME allemandes et hollandaises y sont déjà. »

      Patrice MOYON.

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